Jaune, c’est jaune… 24/1/2019

Jaune, c’est jaune…  
Ne nous volez pas notre colère !
Martigues, le 24/01/2019

« Je n’en peux plus d’entendre dans mes réunions syndicales : « la colère monte », « les luttes s’étendent »… Depuis qu’elle monte, elle aurait dû éclater ! Depuis qu’elles s’étendent, elles ne devraient pas tarder à se généraliser… Mais il n’en   est rien, c’est même tout le contraire. Ce sont nos adversaires, avec en tête ce « gouvernement de guerre de classe », qui avancent. » 

Dans un billet intitulé Noir, c’est noir ! Voilà ce que j’écrivais le 22/6/2018. 

J’avais tout faux, vous aussi mes camarades optimistes. La colère grondait, mais pas forcément là où vous l’entendiez, l’attendiez. Quant à la généralisation des luttes, nous n’y sommes pas encore. Pour ce qui est de faire reculer le pouvoir, non plus ! Il est au bord de la crise de nerfs, mais ne cède pas un pouce de terrain. Mes lecteurs, je sais que vous êtes tous ou presque des « camarades syndiqués », alors soyons honnêtes et lucides ensemble : le mouvement des Gilets jaunes fut d’abord une claque pour nous. La colère a éclaté là où nous sommes très peu présents, sans nous, presque contre nous parfois. Aussi nous avons mis du temps à comprendre cette colère, sa force, sa profondeur et sa portée.

Hélas, nos ennemis n’ont pas nos pudeurs et nos lenteurs. D’une juste colère contre des taxes et impôts injustes, ils eurent vite fait de vouloir la diriger contre les impôts en général, la droite extrême se porta candidate pour diriger ce mouvement. Fort heureusement nos revendications n’étaient pas étrangères aux femmes et hommes , qui comme nous sont des travailleur.se.s. Cette catégorie englobe, ceux, celles, qui travaillent sans salaire, qui voudraient bien travailler, qui ne peuvent pas ou qui ont travaillé : chômeur.se.s, malades, handicapé.e.s et retraité.e.s toutes et tous se retrouvent sur les ronds-points. Si je fais l’effort d’utiliser l’orthographe inclusive, c’est parce que les femmes jouent un rôle important dans cette mobilisation, jusqu’à se mobiliser de manière autonome. Les femmes Gilets jaunes, ont mis en actes une mobilisation féministe, avec notamment les manifs du dimanche au lendemain des Actes du samedi, preuve s’il en était besoin du peu d’influence de l’extrême droite qui est clairement antiféministe.

Revenons-en à notre retard à l’allumage. Aujourd’hui nous sommes tous d’accord pour constater que le mouvement des Gilets jaunes participe de la lutte des classes et qu’il est porteur de revendications qui nous sont communes. Mais il y a trop de réticences parmi les camarades de la CGT ou /et du PCF, je ne jette la pierre à personne, j’ai eu les mêmes hésitations. Certains de mes camarades se la jouent anciens combattants : « On ne les a pas attendus, ça fait trente ans qu’on porte ses ces revendications » ; d’autres vont répétant « ils veulent démontrer que nous ne servons à rien, ça arrange Macron qui veut la mort des « corps intermédiaires », Camarades Gilets rouges comme moi, n’oubliaient pas que notre raison d’être, c’est d’être utiles pour les exploités, tous les exploités. Nous ne sommes pas des corps intermédiaires, encore moins des partenaires de ce gouvernement, hélas il y a la direction de la CFDT pour jouer ces rôles. À nos camarades, Gilets jaunes, nous devons dire, nous l’avons déjà dit un peu partout en France : nous sommes à vos côtés, allons-y ensemble, ou séparément, mais allons-y ! Nous avons les mêmes colères, les mêmes ennemis, les mêmes revendications et les mêmes rêves. 

De même que nous devons un langage de vérité à ceux avec qui nous avons l’habitude de lutter, de même nous devons parler avec franchise à nos amis, Gilets jaunes : arrêtez de dire que vous êtes apolitiques, les citoyens, quand ils prennent la parole, ils se mêlent de politique. Allez-y ! Faîtes vos propositions, et vous verrez qui les soutient, qui est avec vous, mêlez-vous partout des affaires de la cité et partout avec vous, vous trouverez des camarades de la gauche syndicale et politique. Mais attention, n’ayez pas peur du rouge, mais en revanche craignez le brun. Les voleurs de colère ce sont ceux qui voudraient détourner votre colère contre d’autres travailleurs, ce sont ces forces politiques qui utilisent le racisme pour mieux détourner vos forces. Sortez de vos manifs les nazillons et autres nuisibles. Et sachez reconnaître vos amis, vos soeurs et frères de luttes pour mieux vivre.

Ensemble nous pouvons faire reculer le Medef et le gouvernement, mais comme le déclarait le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez dans l’Humanité du 10/12 : 
« GILETS ROUGES OU JAUNES, POUR GAGNER IL FAUT ÊTRE PLUS NOMBREUX.