Lettre n°4 avril 2018 / 68 un livre – sur le travail

La lettre de JJA n°4  avril 2018

Alors, quoi de neuf, sur le blog ? Rien !
Je vais faire une pause. Pas dans l’écriture, dans mon « travail
(1) », mais dans la publication sur le site. La prochaine publication sera celle d’un texte finalisé, le texte éponyme de ce site : « La vie commence ». Il est dorénavant sous-titré « Réflexions sur ce que ma vie m’apprend ». Cette publication, je l’espère pour avant la fin de l’année, peut-être en septembre. Il est possible qu’avant je publie mon abécédaire en 26 mots et je ne sais pas encore combien de poèmes… plus que 26, quoi qu’il en soit. À moins que je ne publie, encore avant, de nouvelles « thèses », j’aimerais en rédiger sur le communisme. Avant que je tienne ces quelques promesses, je vous laisse sur mon site « La vie commence » à l’état de squelette, sauf le dernier chapitre sur la vieillesse, quelques poèmes et mes deux « credos » (les thèses de JJA), pour la philosophie (avec Marx et quelques autres) et pour la gauche « qu’il faudra toujours refaire ». Vous avez le droit de les relire, de les lire, de m’en parler et même de les critiquer. Vous avez aussi le droit de faire connaître l’adresse de ce blog à vos proches. Bien sûr vous pouvez y retrouver aussi cette lettre et les précédentes.
(1) Un ami, très cher, se moque de moi quand, j’appelle travail mes lectures avec un crayon dans la main, ou le temps où je me triture le cerveau en m’aidant d’un stylo ou d’un clavier. Je persiste et signe, pourquoi réserverions-nous le mot travail aux activités non libres.  

Le thème du mois : 1968 un beau livre et une belle promesse…
Eh oui, toujours 1968. Le livre, c’est « 1968  de grands soirs en petits matins » de Ludivine Bantigny. Un journaliste du Monde des livres, enthousiaste, cite Michelet présentant l’objectif de son  Histoire de France : « la résurrection de la vie intégrale ». Oui, elle réussit ce miracle à force de travail sur les archives. C’est du grand art, je veux comparer son travail à celui des plus grands peintres impressionnistes, ce n’est fait que de petites touches et l’ensemble rend à merveille la beauté, la réalité du sujet. À découvrir absolument,  pour se guérir de tous ces commentateurs ou anciens combattants « revenus de tout ». Mai 1968, ce n’est pas une révolte étudiante, pas non plus celle de toute une jeunesse (ne pas non plus confondre avec « toute la jeunesse »), ce n’est pas la plus grande grève générale, pas non plus les grèves avec occupations, ce n’est pas l’effervescence artistique, non plus la plus grande réflexion collective de ce siècle, ce n’est pas l’internationalisme retrouvé par la jeunesse du vieux monde… C’est tout cela dans le même temps ! Ce ne fut pas non plus une révolution, malgré ce qu’on écrivait sur les murs, il manquait la conscience du fait que c’était possible. Mais au présent, encore et toujours, j’affirme que, mai 68, c’est bien plus qu’une révolution, pas la promesse d’un grand soir, mais celle d’une espérance invincible tant qu’il y aura des humains qui rêvent et qui luttent : l’espérance de pleins de petits matins pour faire vivre la visée communiste.
C’est mon opinion, je la partage… avec vous.

En prime, comme j’ai fusionné la rubrique « Le thème du mois » avec celle « C’est mon opinion je la partage… » je vous offre une réflexion sur le travail pour compléter la petite note après le premier paragraphe de cette lettre.

Qu’est-ce que le travail :

On peut désigner au moins quatre niveaux  différents  d’occupation par le mot travail : le travail  utile, le travail subordonné, le travail exploité, le travail précaire.

  • Le mot utile peut être trompeur, parce que trop subjectif, en économie marchande il faut l’entendre au sens qui crée une valeur d’usage. De ce point de vue là, fabriquer une arme de guerre, un gadget stupide s’entend comme utile, tout autant que produire de la nourriture ou s’occuper de personnes malades.
  • Le travail subordonné est un travail où l’individu est aux ordres d’un employeur, la manière de travailler, la finalité du travail n’appartient pas au travailleur.
  • Dans le travail exploité, le produit du travail appartient à un propriétaire, qui extorque une partie du produit du travail pour, entre autres, payer l’outil de travail qui est de ce fait sa propriété.
  • Le travail précaire, c’est le travail en régime capitaliste, c’est quand le propriétaire du moyen de production a droit de regard sur la vie même du salarié. « La vie est bien précaire, pourquoi le travail ne le serait pas ? » dixit Mme Parisot.

Pour expliciter ces distinctions, faisons-les coïncider avec des réalités collectives. Un travailleur en CDI, protégé par une bonne convention collective, échappe à la précarité, son contrat de travail est garanti par la société (l’État social). Un fonctionnaire échappe à la précarité et à l’exploitation, il est sous contrat avec l’État. Le salarié d’une association autogérée peut même échapper à la subordination.

La retraite qui devrait être le droit a un salaire « décent », non lié à un emploi, c’est la réalisation d’une belle utopie qui devrait libérer les travailleurs de la précarité, de l’exploitation, de la subordination… mais pourquoi devrait-il être aussi condamné à ne pas travailler ? Condamné à l’inactivité ? Dans les faits, souvent, il travaille, et beaucoup ! Mais, en le nommant inactif, on assimile son travail à celui des femmes dans le cadre du foyer, on le rend invisible. De plus on le prive du choix de « l’utilité » qu’il entend donner à ses compétences, tout comme des moyens de les entretenir, les développer.

L’émancipation des travailleurs âgés réclame un véritable droit à un travail choisi, incluant un droit à formation. Tout ou presque reste à faire, ce n’est pas une raison pour ne pas commencer à relever le défi. Je serais bien étonné qu’un travail collectif sur cette piste ne rencontre pas, dès maintenant, des utopies déjà en oeuvre. Et en avançant sur ce chemin, il sera question… de la visée communiste.

Le texte ci-dessus, je l’ai rédigé, mais grâce à la lecture de « Marx et la Loi travail » de J. Bidet et « L’enjeu des retraites » de Bernard Friot.


Je vous retrouve le jeudi 3 mai.

Et n’oubliez pas, si vous n’y participez pas directement, de soutenir les luttes en cours, notamment celle « pour la SNCF » : en expliquant autour de vous, en manifestant à chaque fois qu’on vous le propose et… financièrement.

Vesoul, le 5 avril  2018

JJA