I. Ma vie, mes chemins
2/ Mes années 68
1967-1975
Il était une fois un gamin qui grimpait sur le radiateur de la salle de bain pour voir les étoiles, quand les volets de l’appartement étaient fermés. Sous ce ciel il y avait aussi un alignement de bâtiments très moches, on lui dit que c’étaient des casernes. Plus tard, par la fenêtre de la cuisine il a aussi découvert une usine, juste derrière l’immeuble que sa famille habitait. Son papa et son pépé n’étaient peut-être d’accord que sur une chose : « Tu verras quand tu seras à l’armée, il te faudra marcher au pas. ». Et ils se moquaient de moi quand j’affirmais « je ne marcherai pas au pas ».
C’était un garçon têtu. Sa maman disait de lui « Il a mauvais caractère, mais il a bon coeur .». Ce garçon, c’est moi. Je crois que ma maman, avec laquelle je ne serais pas souvent d’accord à partir de ces années-là, avait raison sur ces deux points. Peut-être me suis-je efforcé de lui donner raison.
C’était décidé, je ne marcherai jamais au pas, je lèverai toujours les yeux vers les étoiles et je serai du côté des pauvres gens.
J’ai tenu parole. À vingt ans, je n’ai pas pris le chemin de la caserne.
INSOUMIS
J’avais pris de bonnes habitudes
J’avais pris un amour
J’avais pris mes rêves par la main
J’avais pris le temps
le temps de penser
le temps de paresser
On m’a dit de prendre un train
J’en ai pris un autre
On ma dit de marcher au pas
J’ai couru bien vite
On ma dit d’oublier ma vie
Je n’ai plus jamais oublié
Mon refus de marcher au pas
de penser en rond
J’ai donc pris le chemin du sud pour rejoindre une fille « dorée » (cf. la série des Pépé Carvalho, le héros de Vasquez de Montalban). Mais comme la maréchaussée a retrouvé ma trace, nous sommes descendus plus au sud, jusqu’à Malaga. Puis je suis remonté vers l’est, puis la Suisse…
Mais marchons pas à pas, au moins pour ce récit.Avant l’épisode raconté ci-dessus, il y avait eu le beau mois de Mai 1968. Dans les pages qui suivent, je vais faire référence à ce qu’on appelle « une page de l’histoire contemporaine ». Je tiens à préciser que je ne prétends pas faire oeuvre d’historien, je n’ai donc pas fait de travail de vérification. La mémoire est souvent chose floue et désordonnée, même pour les faits me concernant directement ce flou existe. Ce qui m’importe ici est ce que « l’histoire » se faisant m’a laissé comme trace, ce que je me raconte sur ma propre vie dans cette histoire, dont je fus à ma place un protagoniste. À ce titre ceci est un document qui, je l’espère, peut intéresser ceux qui n’ont pas renoncé, ou qui s’éveille à l’idée d’un autre monde possible, quelque soit leur âge, leur génération. En écrivant cela je pense au vertige qui m’a pris quand un matin je me suis réveillé, anniversaires aidant, avec ce constat vertigineux pour moi : 50° anniversaire de Mai 68, 100° anniversaire de l’armistice de 1918. Mai 68 est pour un jeune d’aujourd’hui, ce qu’était pour moi la guerre 14-18 de mon grand-père. Encore, pour moi il y avait eu la 2° guerre mondiale, plus près pour me rappeler l’horreur de la guerre et des nationalismes. Pour ma fille, de 20 ans pas de 2° insurrection pour lui rendre plus présente le charme de l’utopie révolutionnaire. Ratée, la « Répétition générale » (cf. le livre de Bensaïd et Weber) ne sera pas suivie d’une « première ». Remballé le spectacle du monde nouveau, le monde est vieux. Comme dirait mon fils de 22 ans, moqueur (et parfois un peu cynique) : « c’était avant la guerre ? » Je vais donc vous parler d’un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître.
Le gamin « qui grimpait sur le radiateur pour voir les étoiles » est né du bon côté de la planète, mais aussi 17 ans avant un de ces moments où l’histoire se fait clarté nouvelle, avec un sens choisit par des humains en conscience. Le « moment 1968 », c’est le titre d’un livre que je n’ai pas lu (pas encore ?), ne se borne pas au mois de Mai, encore moins à la France. Pour moi il débute en 1967 avec la grève et les manifestations des ouvriers de la Rhodiaceta, il se termine entre le 15 janvier 1975, mon embauche à la CPAM de Marseille et le 25 novembre 1975 avec la fin de la Révolution au Portugal.
En fait ce « moment 68 » débuta aussi, pour moi, avec la rencontre des JCR devant le palais des sports de Besançon où se tenait une opération dîtes « Bol de riz » organisée par le Comité catholique contre la faim dans le monde. À l’intérieur nous poussions le ridicule, où le sordide, jusqu’à la distribution de bols de riz, à l’extérieur les JCR distribuaient un tract que dans ma mémoire je résume par « contre la faim dans le monde, une solution la révolution ». Pour le gamin que j’étais encore, le choix était fait. Choix d’autant plus facile que je venais de découvrir que la gestion du « Comité national catholique contre la faim dans le monde » n’était pas « toute claire ». Au moment où je me remémore ma rupture avec la pensée charitable, je crois nécessaire de dire que tout mon respect va aux engagements, même sous une étiquette confessionnelle, quand ils participent concrètement aux luttes contres les injustices subies par des humains. Je salue leur efficacité quand elle est réelle et leur participation à l’information des populations. Aujourd’hui, pour exemple, pour ce que je peux en connaître le CCFD fait un travail remarquable. Fin de la parenthèse.
Ce que les JCR me faisaient découvrir en théorie, « les Rhodiaceta » comme on dit en Franche-Comté, me le montrait dans la réalité, nous pouvons faire notre histoire. C’est aussi par eux que je découvris l’expérience de la violence défensive. À la brutalité policière, ils répondaient par la force du groupe et la détermination de ceux qui se savent « dans leurs droits », dans ce monde dont l’injustice me révoltait.
Avant ce qu’on appellera « les événements » j’étais donc un jeune homme, militant chrétien, révolté par l’injustice, surtout par « la faim dans le monde ». J’avais déjà rencontré des ouvriers en lutte, des trotskistes lors de leurs distributions de tracts, et des livres. Les « évènements » en furent vraiment pour moi, parce que j’allais y prendre part.
Le premier évènement marquant pour moi fut familial. Le 3 mai au soir, mon père convoqua les deux « grands », son topo en gros fut : « des jeunes font les cons en ce moment, que je n’apprenne pas que vous traînez là où vous ne devez pas être ». Ma réponse fut « j’en viens, j’ai manifesté et je compte bien recommencer ». Le ton de mon père est immédiatement monté et comme, de manière fort peu intelligente, je crus bon d’agrémenter mon argumentation d’un « chauffe Marcel ! » (Marcel étant son prénom et la réplique, tirée d’une chanson célèbre à l’époque), il voulut joindre le geste à la parole. Je jure n’avoir fait que me protéger, ou esquiver. Le temps d’entendre ma mère crier « Jean-Jacques ne fait pas mal à ton père » et mon petit frère, lui, choisir l’autre « camp » (façon de parler) « papa ne fait pas mal à Jean-Jacques » ; ce fut « l’accident » : mon père se jetant sur moi, en l’esquivant je crus bien qu’il allait heurter la vitre de la porte du balcon, je le rattrapais, dans sa chute il s’ouvrait l’arcade sourcilière contre le dossier de ma chaise de bureau. Fin de l’altercation et du fameux « conflit de générations ». Dans les jours qui suivirent, je me retrouvais au côté de bien des adultes, notamment une partie des profs de mon lycée, ou de la fac… et des ouvriers en lutte. Récemment un de mes camarades et amis du PCF, qui lui aussi écrit des sortes de mémoires, a renvoyé le mouvement de la jeunesse de 1968 à un « barouf » fait par des « petits bourgeois », quelle incompréhension ! De quel droit me range-t-on moi et tous mes petits camarades dans un autre camp « de classe » que celui que je choisissais, avec tant d’autres, très clairement. Faut dire que le PCF, auquel j’ai depuis adhéré, s’il a beaucoup évolué n’est pas revenu assez clairement sur ses erreurs d’appréciation pendant le mois de mai et après, laissant bien des camarades sur des positions un tantinet sectaires.
Dès le 6 mai nous étions quelques uns, une petite poignée devant le lycée pour le mettre en grève. Nous avions pris la décision par téléphone pendant le week-end… et ça a marché. L’avant veille nous découvrions dans le poste que l’histoire passait de pays plus ou moins lointain au nôtre, et ce lundi matin nous la faisions, l’histoire, devant notre lycée. Nous n’allions pas nous en tenir là. Dans les heures et les jours qui suivirent, nous allions d’un lycée à l’autre, même les établissements confessionnels entraient dans le mouvement. Ce petit groupe, dont aucun n’était encore rattaché à une organisation, se retrouvait dans les assemblées qui se tenaient dans les locaux de la fac de lettres. Nous étions tous en première, ce qui ne m’empêcha d’être un orateur virulent pour le boycott du baccalauréat. Sans des copains plus costauds que moi, les gros bras de l’UNEF/AJS (je découvrais la jungle des sigles, je suis devenu un expert) m’auraient éjecté manu militari. Ce ne sera pas la dernière fois où je me retrouverai dans la situation de la grande gueule ou du bavard, c’est selon, secouru par des « gros » bras. Les Comités d’action lycéens (CAL) vivraient bien au-delà du mois de Mai. C’est une copine venue de Rouen qui introduisit la JCR dans notre bahut. J’allais pleinement m’inscrire dans la construction de la Ligue Communiste (le R ne viendra qu’après sa dissolution). J’avais bien du mal à m’y retrouver dans les débats de tendance qui faisaient déjà rage au sein de ma toute nouvelle organisation avant même la création de la Ligue. Quitte à me disqualifier aux yeux de beaucoup, je dois avouer que je changeais d’avis après chacune de mes lectures, le dernier texte lu avait souvent raison. Pire je dois avouer d’emblée que la variation de mes opinions, ou positions est une de mes caractéristiques. Ce qui ne m’empêchera jamais de défendre avec fougue ma dernière position. J’ai pris au sérieux, dès mon adhésion au trotskisme, l’idéal de démocratie qui anime ce courant. On peut, à juste titre, le moquer sur sa grande capacité à se diviser en tendances. Mais, je reste fondamentalement attaché au principe du libre débat, à la nécessité de l’organiser pour qu’il soit libre réellement, donc au droit de tendances.
La jeunesse, l’adolescence est le moment existentiel où on « formalise » son projet de vie. Je me suis choisi militant et intellectuel. Conformément à ce choix, que j’ai dû confirmer, faire évoluer tout au long de ma vie, j’ai pris l’habitude de tout lire de la production « littéraire » des courants de ma toute nouvelle organisation, des organisations voisines, de toutes les organisations de gauche. Je m’attaquais à la théorie, les auteurs marxistes surtout, Trotsky « Ma vie », puis Lénine « Que faire ? » occupèrent mon été 68. Heureusement avec mon entrée en terminale j’allais à la découverte de la philosophie sans rester sur les auteurs marxiste (grâce à un prof très classique, mais qui sut m’intéresser, Mr Jacmot). Si j’ai assez largement et longtemps raté l’univers du roman, je lu Kazantzaki quand même, grâce à mon ami Jean-Luc, et quelques autres, mais j’admirais surtout les couvertures des Livres de poche. Je me suis plongé dans les poètes, « tous » les poètes de la petite collection Gallimard, pour la plupart en surface bien sûr. Heureusement pour mon père, il ferma assez vite le compte ouvert chez la librairie Cêtre, j’aurai réussi à le ruiner. Plus récemment en trahissant ma promesse de boycott d’Amazon, c’est moi que j’ai contribué à ruiner. La politique, les livres, c’est bien… mais j’étais jeune et « ces années-là » étaient propice à bien des aventures. Comme je serais bien incapable d’en faire un récit unifié, je vais juste égrener dans ces pages mes découvertes. j’essaierais ensuite de résumer ce qui les relie aux « évènements », à un moment privilégié de l’histoire à une « presque Révolution » qui a révolutionné bien des choses dans notre « monde ».
Le chamboulement, des lycées casernes
Dans les « discours » sur 68 la révolte des jeunes est souvent dénigrée, soit pour en minimiser les résultats, soit pour lui faire porter les maux de la société moderne. Dans la foulée du mois de Mai, nous nous sommes attaqué à ce que nous avons appelé, les lycées casernes. Nous avons créé des journaux d’expression, imposé le droit de se réunir, secouer les vieilles disciplines. Un exemple : sur le chemin de l’émancipation humaine, je crois que la mixité de l’école ce n’est pas rien. À la rentrée 1969 au lycée « de filles » Pasteur, toutes les « élèves » devaient porter une semaine une blouse à petits carreaux roses, l’autre semaine à petits carreaux bleus. Ils se trouvent que le lycée abritait aussi la classe mixte de Lettres supérieures (Hypokhâgne), j’en étais. Nous, les « garçons » de cette classe, avons appris la révolte des filles de terminales contre cette obligation. Nous avons décidé d’emprunter leurs blouses bleues la semaine rose et vice versa. Cela n’a pas traîné, convoqués dès le premier jour par la directrice, nous sommes allés à sa rencontre avec nos jolies blouses bleues et lui avons fait savoir notre refus d’obtempérer à son ordre de « quitter cet accoutrement ridicule »… dès le lendemain, si ma mémoire ne me fait pas défaut, rapidement en tous cas) nos copines de terminales se voyaient « privées » de cette obligation d’un autre âge, madame la directrice avait peur du ridicule. Cette anecdote ne résume pas mes années 68 au lycée, trois années en fait, première, terminale et… lettres sup, mais elle illustre la présence d’une dimension féministe et la diversité des formes prises par nos luttes. La lutte est toujours un bon souvenir, je crois. Je crois aussi que la relation prof élève a évolué, cette évolution là, j’oserais la résumer par le développement d’une plus grande estime réciproque, loin des caricatures des réactionnaires et sans doute du vécu de certains profs chahutés… et pourtant. Nous avons grandi plus vite, ils ont lutté avec nous, nous ont combattus pour d’autres, se sont ouverts à nos demandes, à nos interrogations. Certains seraient surpris des souvenirs qu’ils m’ont laissés.
Changer la vie ! c’était maintenant.
Très tôt j’ai rêvé de quitter le domicile familial. Certains mots, outre ceux des premiers émois amoureux et passions politiques, raisonnaient dans ma tête : ailleurs, partir, prendre la route, Espagne… J’ai passé mon bac en 1969. Mes parents voulant m’éloigner de la Fac de lettres m’expédièrent en Lettres sup. Cela ne m’empêcha, ni de militer à temps plein entre le lycée pasteur lieu de mes études, la fac de lettres et autres lieux d’interventions. Les vacances furent l’occasion de mes premiers voyages en stop, je suis notamment allé à Amsterdam avec un copain, Christian. Cette ville ayant une certaine réputation, je tiens à préciser tout de suite que c’est l’éducation fournie par la LCR qui m’éloigna de toute tentation pour les drogues illicites. Par contre rien ne m’avertissait des dangers de l’alcool. Au retour d’Amsterdam, à la sortie de Saarbrucken nous étions bloqués à la tombée de la nuit, un automobiliste s’arrêta et nous proposa de passer la soirée et la nuit chez lui. Sur le chemin de son domicile, il s’arrêta devant une épicerie, en ressortit avec un casier de grandes bouteilles de bière. Arrivé chez lui, après avoir averti son épouse de notre présence, il posa 4 ou 5 des bouteilles sur la table, la soirée fut arrosée, il dut aller rechercher des bouteilles. Si Christian finit au sens propre sous la table, ce fut la deuxième fois ou je fis sérieusement l’expérience de ma capacité à « tenir l’alcool »… il me fallut 47 ans pour comprendre que cette faculté avait été une malédiction pour moi. Je m’en explique beaucoup plus loin dans ce texte. Notre hôte d’un jour devint notre ami, 3 ou 4 ans plus tard sa femme nous avertit dans une triste lettre qu’il était mort dans un accident de voiture, l’histoire ne précise pas s’il avait un « peu bu… ».
Partir ailleurs, prendre la route, direction l’Espagne… tout ça d’un coup, par la magie d’une Dame de carreau dans une réussite, en fait une astuce pour me donner du courage, je fuguais avant la rentrée de 1970. Ce fut un beau voyage… la belle histoire ce serait pour l’année suivante. À mon retour, la même carte que je rêvais être « … la carte qui est si délirante qu’il n’aura plus jamais besoin d’une autre » L. Cohen, me donna la force de donner rendez-vous à une dame qui me laissa sur le carreau, parce que je n’osais lui déclarer ma flamme. Ce fut peut-être son jour de chance. Par contre l’impulsion était donnée, je prenais mon envol, je cherchais travail et logement. Je trouvais presque en même temps un studio, rue Casenat et un travail à la librairie Cêtre. Très vite mon studio fut un lieu d’accueil, je me souviens avoir laissé ma première paye sur la table et avoir dit de piocher dedans pour faire les courses. C’était le début d’un mode de vie ouvert dont je serais bien incapable par la suite. De la rue Casenat à la rue Pontarlier, le cercle s’agrandit, au point que l’adresse fut citée dans Actuel (magazine « underground » d’après Wikipédia). Tout se passait bien ou presque : certains résidents volèrent la petite épicerie d’à côté, je du avec l’aide de mes amis arrêter cela, a priori nous avions rien contre le vol… mais des grandes surfaces (sans se faire prendre) ; quand une descente de police fut organisée, à la recherche de drogue, ils ne trouvèrent que de l’origan à mettre sous scellé. N’étant pas témoin de la prise à mon domicile, je dois avouer un moment de frayeur avant de devoir étouffé un fou rire, la consigne « pas de ça ici » était respectée… ce jour-là, ouf ! Ce ne fut qu’au bout de plusieurs mois, que je constatais un vol au sein de notre communauté celui de mon gros dictionnaire d’espagnol. Ayant quitté la librairie Cêtre, un moment je travaillais chez Kelton de nuit… il me fallut crier pour faire respecter mon sommeil, rien de très anormal. Je faillis être embêté pour l’hébergement d’une mineure. Mes cohabitants faisaient aussi du commerce d’objets artisanaux sans avoir les patentes, notamment Jean-Pierre, ami proche travaillant le cuir remarquablement, la police des mineurs eut l’intelligence de comprendre le rôle positif de ces activités. Même moi je fus fabriquant de petits chats en laine que nous vendions sur le trottoir, mais ce fut surtout une fois dans le sud. En 1975, travaillant à la Sécu, j’avais encore les cheveux longs et mon vêtement fétiche était une tunique violette… je raconterais plus loin comment je fus amené à changer de costume. Mais, le mois de Mai, dans ses suites avait amené un vent venu d’Amérique qui ne concernait pas que la lutte contre la guerre du Vietnam et la révolte politique, mais aussi le mode de vie (c’était bien plus qu’une mode). Dans notre mode de vie, il y eut l’influence de la chanson, pour moi, plus la chanson que la musique, la chanson française que celle en Anglais : au début il y eut Brassens et Brel, pendant les « évènements » Léo Ferré, puis Leonard Cohen et son « traducteur » Alwright, la grande Catherine Ribeiro, Colette Magny… et tant d’autres.
Mon refus de l’armée, mes aventures…
et la solidarité de mes camarades
Je m’étais juré de ne pas marcher au pas, j’ai donc tenu parole. Ce choix qui fut fondateur de ma personnalité, qui m’a ouvert au monde réel, qui m’a offert une formation exceptionnelle, j’aurais pu le payer très cher. Heureusement pour moi j’étais déjà « organisé » et, bien que mon choix fut individuel et en contradiction avec celui prôné par mon organisation, celle-ci le moment venu me tira d’un fort mauvais pas. Mon organisation (« Révolution »(1)) nous incitait à aller à l’armée et organiser la résistance, dans la perspective d’un « syndicat » des appelés. Mon choix, décidé et irréversible, fut ni pensé, ni préparé… ce n’est qu’au moment de la réception de la convocation (décembre 1971) que je quittais Besançon en stop pour me réfugier chez la mère de ma compagne, Jo, à Marseille. Pendant environ 6 mois, j’ai vécu, travaillé (en usine et intérim) , à Marseille. Là aussi, j’ai attendu le dernier moment, la visite de la Police à mon domicile pendant la journée pour quitter précipitamment Marseille… en stop, accompagné de ma compagne. Ce sera sera une limite importante de mes récits, ma mémoire, si elle a gardé trace de moments difficiles, comme de moments heureux, elle a complètement occulté la manière dont je me suis tiré des mille difficultés quotidiennes. Cela donne un côté irréel à mes souvenirs, qui sans doute rejaillit sur mon récit. Pourtant, j’ai fait tout ça, j’étais autrement audacieux et débrouillard que maintenant. Sans doute aussi; Jo, tout le temps où elle fut à mes côtés jouait un rôle décisif pour les aspects pratiques de la vie. Ce dont je suis sûr c’est que nous sommes allés jusqu’à Malaga, que nous avons découvert dans un resto pour pauvres les mille et une manières dont les pois chiches pouvaient être accommodés.
Après que l’on nous ait volé une partie de nos affaires, nous avons rebroussé chemin. De retour à Besançon, des amis se sont chargés de me faire passer la frontière suisse, là je n’étais plus accompagné, Jo m’a rejoint après. Mon premier souvenir marquant sur la Suisse, fut une discussion avec un automobiliste qui m’avait pris en stop. Il m’expliqua que la Suisse n’avait pas été envahie par l’Allemagne Nazi à cause de la force de son armée, ce ne fut que la première fois que j’entendis cette fable, parfois on accompagnait ce récit de la présentation de l’arme gardée et entretenue par le citoyen suisse « réserviste ». Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’ainsi, mes camarades gauchistes avaient des armes à domicile.. jamais entendu qu’elles aient servis. Par contre très récemment j’ai lu que ces armes étaient parfois utilisées pour se suicider.J’ai bénéficié de l’aide du réseau ayant aidé les déserteurs ou insoumis au moment de la guerre d’Algérie. Je fus hébergé d’abord à Lausanne, puis à Genève, je trouvais du travail en Usine, après une « pige » comme déménageur, ou l’inverse. J’eus le temps de découvrir la richesse du milieu militant suisse. Ce pays abritant de nombreux réfugiés politiques, notamment à cause de rôle international de Genève. L’internationalisme, plus encore qu’en France, était au centre de l’engagement de la nouvelle génération de militant. Le rêve de partir ailleurs, pour participer à la Révolution mondiale que nous appelions de nos voeux, était aussi plus présent. Le beau film de Tanner, le retour d’Afrique est une belle illustration de ce rêve par procuration. Il y avait bien un mouvement ouvrier en Suisse, mais les ouvriers étaient souvent des étrangers (cf. la place des frontaliers) et il fallait plus regarder du côté de Zurich. J’ai même croisé une manifestation de retraités… mais je voulais pas rester là bas.
Je tentais de partir en Grande-Bretagne, je n’en connus que les services de l’immigration de l’aéroport de Londres et fut réexpédié en Suisse. C’est en Suisse que mon organisation reprit contact avec moi, me mit devant le dilemme de fuir définitivement la France, ou de préparer avec son aide une reddition aux autorités françaises. À nouveau avec l’aide d’un ami je repassais la frontière suisse. Hébergé dans la région parisienne, nous préparons un dossier médical pour pouvoir jouer la carte de la réforme, quand je me serai rendu. Fin près à faire face à l’institution militaire, en jouant de la dépression sévère, je me suis rendu auprès d’une gendarmerie. J’ai du aider le pauvre gendarme de service à comprendre ce que je faisais là, à rédiger son rapport… après je me souviens d’un long voyage dans un « panier à salade » Citroën, suis-je arrivé directement au régiment d’infanterie de Frileuse ? Une fois arrivé et « incorporé le 25 octobre 1973 » cf. ma carte militaire, je fus vite admis à l’infirmerie, je ne la quittais que pour passer en commission de réforme. « Libéré » le 23/11/73, ce n’était pas la fin de mes aventures avec l’armée. Pendant ce mois passé dans les coulisses du « camp » de Frileuse, j’ai pu mesurer ma chance d’en réchapper sans avoir marché au pas. J’en ai vu des estropiés par des marches trop forcées ou des exercices pour lesquels ils n’étaient pas préparés. Je me souviens d’un jeune Tunisien, qui de retour en France pour des vacances s’est vu considéré « insoumis » sans comprendre pourquoi, quand je fis sa connaissance il avait des pieds dans un sale état. Le jour où je devais être, où je fus libéré, j’étais sous la garde d’un gradé quelconque, l’armée n’a pas eu le temps de m’apprendre les grades, je compris très vite qu’il voulait me faire faire une connerie pour avoir la joie de m’enfermer. Au début, je croyais que seuls mes cheveux restés longs, l’armée n’avait pas non plus pris le temps de me les couper, lui restaient en travers de la gorge, il s’en prenait à eux dans ses insultes et en les tirant. Mais au fil de la journée il devint de plus en plus agressif, ma volonté de sortir m’aida à ne pas réagir à ses injures, menaces, bousculades, crachats. Je pensais aussi que me sachant soutenu de l’extérieur, un médecin prenait régulièrement de mes nouvelles, il n’oserait pas dépasser certaines bornes. Je me souviens de mes premiers pas, seul dans la nature, je me croyais dans un film quand le prisonnier sort et que personne ne l’attend… Il n’y avait pas de portable à l’époque, je me mis à la recherche d’une cabine téléphonique. Après la joie des retrouvailles avec mes ami.e.s, je retournais chez les ami.e.s qui m’hébergeaient et me mis vite à la recherche de travail… à l’époque c’était chose facile, retour à l’intérim et à l’usine. Pendant quelques mois j’attendais ainsi mon procès pour insoumission. J’eus le bonheur de participer à ma première grève, les travailleurs du site où je travaillais réalisant l’unité, que j’aurais cru impossible quelques jours avant son déclenchement, entre africains du nord, africains noirs de peau, français blanc de peau et yougoslaves. Tous les racismes et mesquineries furent battus. Jusqu’au dernier moment, nous ne savions pas si les yougoslaves en seraient. À la cantine le leader, un nord africain, demanda à chacun de voter en restant assis s’il était d’accord pour l’arrêt de travail : un yougoslave se leva, un deuxième… interpellé sèchement par un des leurs dans leur langue, ils se rassirent. C’était bon, l’unanimité était acquise, les négociations ne traînèrent pas. Il y avait des camions à décharger.
La fin de cette aventure fut le moment le plus dur. Je passais en jugement au début (?) de l’année 1974. Le Tribunal Permanent des Forces Armées (TPFA, juridiction d’exception supprimée en 1982) s’entourait d’un cérémonial impressionnant. Dans la coulisse je vis mon avocat, fourni par mon organisation, maître Antoine Comte, examiner rapidement les autres affaires passant ce jour et retenir les plus critiques pour proposer aux avocats commis d’office de s’en charger. Dans mon dossier il découvrit avec moi une longue lettre de mon père, qui me désignant comme clairement antimilitariste et contredisant la thèse du garçon dépressif et perdu, fragilisant ainsi ma ligne de défense au point de rendre mon avocat très visiblement inquiet… je voyais la menace de la prison ferme, voir de la forteresse militaire se rapprocher. C’est avec cette inquiétude que j’entrais, dans la salle d’audience, entouré de militaires en armes, qui « présentèrent armes » quand je fus arrivée en salle. Je ne me rappelle pas trop du début du procès, tout à ma stupeur face à la situation et au cérémonial. Je crois quand même qu’on en arriva vite au réquisitoire du « commissaire aux armées », ici pas d’avocat général, c’est un officier militaire qui joue ce rôle. Très vite il prononça la phrase qui fit basculer le procès dans un spectacle dont je ne compris pas le sens, ni ne sut en apprécier la saveur : « il doit être ici évident pour tous que la mesure de réforme prononcée à l’égard de Mr Angot est une mesure de prophylaxie prise par l’armée ». Il fut coupé net par mon avocat, jaillissant de son siège et hurlant juste derrière moi : « Les propos de Monsieur le Commissaire son une insulte à l’égard des médecins militaires, ils les accusent de mensonges, de fraude… je demande des excuses immédiates… ». Je n’entendis rien d’autre, ne comprit pas pourquoi « la cour » se levait et sortait. L’attente me parut interminable, je n’entendis rien des propos se voulant sans doute rassurants que mon avocat me soufflait à l’oreille. Ai-je compris sur le moment qu’à son retour le Commissaire retira son propos et présenta ses excuses ? Mon sort venait de basculer positivement. À la sortie du tribunal, malgré la joie de mes ami.e.s je crois que je ne réalisais pas, j’étais comme paralysé, il fallut m’aider à sortir. Trois mois avec sursis, peine vite effacée par l’amnistie qui suivit le décès du Président Pompidou. FIN. Fin de l’épisode le plus « fou » de ma vie, de mon adolescence. Retour à Marseille, début de ma vie d’adulte.
Révolution ? vous avez dit Révolution (s ?)
« C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. » Lénine. Indéniablement, durant les mois de mai et juin 1968 les ouvrie(è)r.e.s (la plus grande grève de l’histoire de la France), les employé.e.s, les jeunes ne voulaient plus vivre à l’ancienne manière. Quand De Gaulle est partie en Allemagne, il semble bien que « ceux d’en haut » vacillaient. De manière schématique je crois que l’on peut dire qu’il n’y eut pas de représentation politique à la hauteur du mouvement de ceux d’en bas, encore moins de « direction » politique pour proposer un chemin. La pauvreté du débat stratégique dans les années qui suivirent : « une seule solution la Révolution » opposée à « une seule solution le programme commun », nous préparait mal à faire face aux offensives à venir de nos adversaires de classe, Il n’empêche … nous avions rêvé de le changer ce monde injuste, nous avions proclamé la nécessité de le changer. Je suis resté fidèle à ce rêve, c’est lui, aujourd’hui encore qui donne sens à ma vie ! Nul échec ne saurait invalider le rêve que l’on prend au sérieux, surtout quand il porte les beaux nom d’utopie, d’espérance d’un monde enfin pleinement humain, de communisme.
Pour illustrer le vent d’espoir qui soufflait à cette époque, je termine ce chapitre par un document de cette époque dont je fus en partie le rédacteur :
1° page de « Revolution ! » N° spécial de Novembre 1971
Jeunes
dans le vieux monde
où nous sommes en sursis
entre la famille patriarcale qui n’en finit pas de mourir
et l’exploitation pour les uns, la survie pour les autres
notre délinquance est définitive
La bourgeoisie a inventé notre révolte
comme un phénomène de tous les temps
Mais notre révolte n’est pas
aussi vieille que les saisons
inévitable et naturelle
La jeunesse éternelle, cette divinité biologique
qui n’a que l’âge de ses artères,
ça n’a jamais existé.
Notre insurrection est de ce temps, contre
cette société, qui exploite et opprime :
la société bourgeoise.
PRENEZ GARDE BOURGEOIS, oppresseurs
en tout genre, LA JEUNESSE FOUT LE CAMP !
La jeunesse d’aujourd’hui
est une création involontaire d’un système dépassé.
Les révolutions industrielles, techniques, scientifiques
comme on les nomme parfois
ont obligé la bourgeoisie à allonger le temps d’étude,
le temps d’incertitude, le temps de chômage,
entre l’esclavage familiale et
l’exploitation pour la plupart, l’oppression pour presque tous.
Etre jeune, c’est être
le bénéficiaire involontaire de ce faux sursis.
Et de décadence en pourriture, les actionnaires du vieux monde
veulent nous entraîner dans leurs décombres.
Pour nous plier aux jours sans avenir qu’ils nous préparent
les bourgeois disposent de vieux trucs,
qui n’en finissant pas de se délabrer,
mais qui ont déjà fait leur preuve :
L’Ecole, la Famille, l’Armée.
Merci pour nous : travail, famille, patrie y en a marre !
Et pour que rien dans notre sursis
n’échappe aux lois de l’embrigadement et de la répression
ils nous servent tous les bagnes de la jeunesse
de l’éducation surveillée, à la caserne et à la prison.
Et pour que rien dans notre sursis
ne reste à l’abri
ils nous offrent la misère sexuelle et les loisirs surveillés
l’ennui, qui n’est plus le luxe de la jeunesse dorée,
mais pour tous, toujours, partout,
un des terrains d’où naissent toutes nos révoltes.
Mais il faut être juste : les heureux bénéficiaires
De ce sursis nommé jeunesse
en usent différemment.
Le vieux monde peut difficilement oublier sa gloire d’antan,
ni sombrer sans honte dans l’incohérence.
Alors il prépare quelques-uns d’entre nous
à la figuration et la décoration ;
alors il entretient des spécialistes de « l’inutile »,
garde-chiourmes en tous genres,
professeurs et artistes dispenseurs de sommeil,
et un lourd contingent de grattes papiers.
Parfois, rarement, dans la même voie existent d’autres
solutions.
Mais les jeunes qu’on caporalise pour les préparer à devenir
le adjudants de la vie civile
commencent à piger que les cartes sont truquées
et disent NON.
L’autre voie, c’est la voie directe : le bureau, l’usine,
le travail crevant, étouffant, sans but,
le travail dont l’objet vous échappe et les moyen vous usent
et vous tuent.
La voie de la surexploitation : les horaires déments pour un
salaire dérisoire, le chômage de temps à autre, jusqu’à l’armée
ou tout le temps.
Le métier insuffisant pour aujourd’hui peut-être,
inutilisable pour demain. L’usure, l’accident,
la mort déjà programmées,
qu’on ne peut fuir qu’en refusant de travailler : mais
pour quoi faire ? Pour les jeunes travailleurs tout est prévu :
surexploitation, chômage, ou, d’un mot bourgeois qui appelle
la chasse à l’homme : la délinquance.
Si nous sommes de plus en plus nombreux,
de plus en plus et de plus en plus longtemps,
c’est que les bourgeois ont besoin de plus en plus de temps,
pour nous plier aux exigences actuelles de la société
d’exploitation.
Mais il faut être clair :
entre les jeunes des écoles et les jeunes travailleurs,
c’est une division de classe que les bourgeois organisent
et préparent.
Pourtant, les bourgeois, en voulant nous briser,
nous emprisonnent dans les mêmes institutions,
essaient de nous normaliser avec les mêmes armes,
nous jettent sur un même marché.
CONTRE CE QUE LA BOURGEOISIE NOUS ASSENE A TOUS
ET CONTRE L’EXPLOITATION QU’ELLE FAIT SUBIR A LA PLUPART
LA SEULE LIBERTE QUI NOUS RESTE
DANS CE SURSIS NOMME JEUNESSE
C’EST DE METTRE NOTRE LUTTE EN COMMUN
Notre seule voie, c’est la révolution.
Ce qui peut nous unir, c’est la lutte révolutionnaire.
Nous acceptons d’être des fous,
si c’est folie de penser que ça ne se fera pas tout seul
et de croire que ça peut se faire.
Nous ne croyons pas à la conversion massive.
Nous n’attendons pas le messie.
Nous n’attendons pas la mort.
Nous nous battons avec notre raison, elle nous dit
qu’il n’y a pas d’autre voie que de tenter de vaincre,
de s’organiser et de s’unir pour ça…
S’organiser, c’est des tas de trucs. Mais c’est d’abord par
exemple cela :
- dans un lycée, empêcher l’ennui de venir à bout de notre énergie,
faire trembler les murs des vieux bâtiments,
lutter ensemble contre les vieux règlements,
les gardes chiourmes,
le radotage des vieux schnocks : les chahuteurs au pouvoir ! - dans un quartier, combattre les préjugés anti-jeunes,
les tenants de l’ordre et de la propriété,
les animateurs postiches, les flics en tous genres,
prendre possession des maisons de jeunes :
des locaux et des terrains pour les « voyous »! - partout se défendre contre les familles possessives, les moralisateurs et leurs interdictions mortuaires, le fric tout puissant, les loisirs aseptisés.
Leur morale n’est pas la notre !
S’unir, c’est savoir qui est avec nous.
Pour le savoir, il suffit de regarder le monde.
D’un côté les possédants et tous leurs mercenaires.
De l’autre : ceux qui sont condamnés au travail.
En gros, c’est ça. Mais les travailleurs représentent l’avenir
puisqu’ils ont tout à perdre dans le maintien de l’état actuel.
En regardant de plus près, on voit qui favorise
la mise en branle de cette partie brûlante de la société,
et qui cherche à l’endormir :
on choisit alors entre les réformistes et la révolution.
Mais encore : pour unir une jeunesse divisée,
il ne faut pas chercher à unir toute la jeunesse ;
pour unir a jeunesse, il faut l’unir aux travailleurs.
Et c’est l’unité avec les travailleurs qui décidera
parmi les jeunes, qui est avec nous, qui est contre nous.
Enfin, ne laissons pas la politique aux menteurs,
aux marchands de chloroforme.
On ne se laissera pas enfermer dans un horizon médiocre.
Plus de frontières, plus de tabous, plus rien
ne doit subsister de ce vieux monde !
Alors la jeunesse prendra la place qui est la sienne,
dans la lutte et dans la victoire !
Mon seul Credo, par une grande chanteuse :
Merci !
Nos rédacteurs sont prévenus.