Le planète foot
Vesoul le 19 juillet 2018
Le « Planète foot », c’est mon bar, celui où je vais, chaque matin, boire une tasse de thé et lire l’Est et l’Équipe. Avant, chaque matin, j’y buvais deux verres de vin blanc. Quand j’ai arrêté de boire de l’alcool, il me fut nécessaire de ne pas arrêter de fréquenter mon bar… sinon la plupart des matins à qui dirais-je bonjour et surtout qui me saluerait ? Donc, le matin, je vais dire bonjour à ceux qui tiennent le « planète foot » derrière le comptoir, ou devant, ainsi que dans la salle. Un habitué me salue, d’un tonitruant « bonjour jeune homme», d’un regard franc et d’une poignée de main ferme… ça me fait du bien, aussi la bise de la femme du patron et la conversation de sa maman. Au « Planète foot », on ne discute pas que de foot… on dit des bêtises « parfois », on fait preuve de bon sens des fois. En coeur nous nous indignons des « salaires » des vedettes de foot. Mardi matin nous dénoncions le fait que nous avions trois fois l’Équipe sur le comptoir, l’Est ainsi que ses pages locales affichant une couverture sur la victoire des bleus. En arrivant sur la terrasse j’ai entendu : « Il n’y aura pas autant de monde pour défendre nos retraites », j’ai surenchéri, mais je ne suis pas sûr que beaucoup des présents, à ce moment-là, seront avec moi, lors de la prochaine manif.
La planète foot… ou/et la planète folle ?
Depuis dimanche soir, ça ne doit pas être simple de ne pas aimer le foot. En écoutant les infos à la radio, ce qui m’a le plus marqué, c’est d’apprendre que la même folie envahissait les rues de Zagreb et de Bruxelles. 1°, 2° ou 3°, qu’importe, qu’on soit Belge, Croate ou Français, un même besoin d’être ensemble, de faire la fête ? Qu’est-ce que ça nous raconte du monde où nous vivons ? Que le foot est un sport populaire ? C’est indéniable. Et, après tout, il vaut mieux que les peuples aient envie de sortir les drapeaux pour fêter une victoire au foot qu’à l’occasion d’une guerre. Mais ne nous rassurons pas à bon compte, cette fièvre, autour du foot, ne doit pas nous faire oublier la montée partout en Europe des nationalismes. J’aime pas trop les drapeaux et les défilés… sauf derrière les drapeaux rouges, ils sont moins fournis, par les temps qui courent.
La veille du 15 juillet, c’était le 14 (eh…), devant mon bar il y avait musiques militaires, cérémonie puis défilé. Dans ce dernier, les pompiers occupaient l’essentiel des rangs et je suis bien d’accord pour les honorer, on devrait faire de même avec bien des professions dévouées… un défilé de « fonctionnaires » en somme, de quoi me donner des arguments pour combattre les idioties que j’entends trop souvent ici. Mais pendant ce temps à la télé, le défilé parisien avec les tanks, les missiles et les avions me rappelle que je vis dans un pays qui préfère montrer ses « muscles » qu’oeuvrer pour la paix. Je ne suis pas un grand fan des pétitions sur internet, qui souvent me semblent remplacer à peu de frais des modes d’action impliquant chacun d’entre nous (1). Une fois n’est pas coutume, je vous propose de signer la pétition pour l’annulation du défilé du 14 juillet, c’est pour l’heure seulement une idée à faire avancer, trop à contre-courant, même à gauche, et pourtant !…
https://www.change.org/p/pour-la-suppression-du-d%C3%A9fil%C3%A9-militaire-du-14-juillet
Et une victoire !
Après ceux de Rouvray, ce sont les soignants de l’hôpital psychiatrique du Havre qui ont obtenu gain de cause. Ils ont obtenu la création de plus de trente postes (34,3 ETP -Equivalents temps plein)… au terme d’une lutte acharnée, et inventive, menée dans l’unité. Ils ont gagné le surnom de « Perchés » en occupant pendant 16 jours le toit d’une unité de soins, ils ont fait 26 jours de grève. Quand en fin ils ont obtenu l’ouverture de négociations sérieuses, ils ont prolongé de 4 jours leur mouvement et obtenu 4,68 ETP de plus que la proposition initiale. Ils ont alors décidé de reprendre, mais ils savent qu’ils devront continuer à se battre, contrairement au Rouvray la nouvelle Unité de soins qui va ouvrir n’est annoncée que provisoire. Le ministère a trop peur du précédent et de la contagion. Comme le déclarait un des grévistes « la société est d’une violence incroyable ». De cette deuxième victoire significative dans ce secteur de la santé (la psychiatrie), deux leçons sont à tirer :
- la lutte déterminée et imaginative peut être victorieuse
- il en faudra bien d’autres pour obtenir une réelle prise en compte des besoins de la population, notamment des plus défavorisés d’entre nous.
Nous voilà loin du foot et de la Haute-Saône ? Pas si sûr.
JJA
(1) dès maintenant retenez votre samedi 22 septembre pour la Marche pour la paix à Besançon… si, comme je le crains, rien n’est organisé en Haute-Saône.
Merci !
Nos rédacteurs sont prévenus.