NON CAMARADE ROUSSEL, LES PAUVRES NE PEUVENT ATTENDRE 14/09/2022
Le camarade Roussel dit « qu’en déclarant qu’il préfère le travail au chômage », il ne s’attendait pas à déclencher une pareille polémique ». Je ne le crois pas un instant, surtout qu’en affirmant qu’il défend « le parti du travail », il lance une polémique contre « le parti des allocs ». Tout le monde entend derrière ses mots la volonté de s’innocenter du péché de défense de l’assistanat. Ne vous en déplaisent camarades du PCF, j’affirme haut et fort qu’il n’y a pas d’assisté parmi les pauvres, juste des oubliés, des humiliés. Le niveau des aides est si faible, qu’il est indigne, qu’il ne leur permet pas de vivre dignement, encore moins s’ils ont des enfants.
Alors, re précisons nos valeurs et engagements.
- La valeur travail n’est pas nôtre. Le travail salarié avec ce qu’il véhicule de subordination et d’exploitation, n’est pas notre idéal. Il est seulement un moyen de vivre, bien-sûr comme tout un chacun nous préférons avoir un emploi qu’une allocation chômage sans cesse revue à la baisse cf. récente réforme.
- Nous ne voulons pas être du « parti du travail », mais du « parti des travailleurs : salariés, artisans, artistes, chômeurs, retraités… j’en oublie ».
- Défendre la Sécu de 1945, quand elle est de plus en plus détruite, ne suffit plus. Il faut bâtir la Sécu du XXI° siècle. Bien-sûr il faut garder le principe de la cotisation, à la source des revenus du travail, pour cela il faut en finir avec les exonérations, de plus il faut que l’état cotise pour ceux qui ne le peuvent pas (étudiants, chômeurs).
- Il faut redonner toute sa valeur au principe de solidarité qui est au fondement de cette institution et donc lui fixer comme but premier la fin immédiate de la misère dans notre pays par l’instauration d’un RMU :
- REVENU MINIMUM UNIQUE
égal à 50% du niveau de vie médian (1),
dans un premier temps, 60% le plutôt possible.
Je propose à la Nupes (aux partis qui la composent), aux syndicats et associations, aux organisations d’extrême gauche (NPA, LO….) de reprendre la proposition faite, dans une note de l’Observatoire des inégalités, par son président et son directeur (Noam Landri et Louis Maurin) de création d’un Revenu minimum unique pour garantir un revenu « décent » à chacun en élevant le niveau de vie minimum au-dessus du seuil de pauvreté. Je vous demande à vous mes lecteurs de vous emparer de ce débat pour reprendre l’offensive contre la pauvreté dans notre pays. - Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Des ONG, des chercheurs.ses, des expert.e.s de l’aide au tiers-monde ont fait, ces dernières années, une grande (sic) découverte : donner de l’argent aux pauvres est une manière efficace des les aider à s’en sortir. Mieux encore, une recherche portant sur l’aide à des SDF, dans un milieu comportant de graves problèmes de consommation de drogues a donné le même résultat, notamment pour la sortie de la dépendance. Toutes ces recherches actions convergent pour constater une amélioration dans tous les domaines pour les personnes concernées par ce type d’aide. Comment par ailleurs ne pas constater que la pauvreté est partout définie par le niveau de revenus. Les définitions du seuil en dessous duquel « on tombe » dans la pauvreté est fixé selon à 60% ou 50% du revenu médian, dans un but d’efficacité et de consensus prenons (dans un premier temps) la définition la moins généreuse soit 860 euros en 2019. Une telle définition permet de décider d’une revalorisation annuelles simple et sans débat. Contrairement à ce qui se passa avec le RMI, puis le RSA, ce nouveau minimum évoluerait donc parallèlement à l’ensemble des revenus. Pourquoi je pense qu’il faut très vite pousser à 60% du revenu médian ? Parce que pour d’important minimas sociaux, AAH, ASPA c’est déjà le cas et ce n’est pas satisfaisant. En moyenne, d’après les auteurs de la note, le revenu moyen des 5 millions de personnes concernées est de 710 euros, il faudrait donc leur verser en moyenne 150 euros. Par contre les « titulaires » d’un RSA qui touchent 560 euros (moins le forfait logement), eux percevraient au moins 300 euros de plus. - Du RMI au RMU, une même logique (améliorée) rompant avec les errements du RSA
Rappelons que le RMI fut mis en place en 1988 par une loi votée à la quasi unanimité au parlement (seulement 3 voix contre), sa logique était celle d’un filet de sécurité, mais aussi un droit. Soyons clairs, son adoption était déjà le constat de l’échec de la Sécurité sociale à garantir à tous les moyens de vivre. De plus le dispositif comportait un défaut majeur, c’était un filet avec un trou béant concernant les moins de 25 ans.Avec le RSA, c’est une toute autre logique qui a prévalu. Comme le notait Jacques Rigaudiat (2) dès la parution du projet de loi, nous n’avons plus affaire à un droit, mais à une libéralité . Symboliquement l’article 1 de la loi instaurant un RMI, qui affirmait un droit pour tous (…les plus de 25 ans) est remplacé par un article indiquant toutes les possibilités d’en être exclu.e.s. Ce n’est plus seulement le constat d’échec de la la Sécu que ce nouveau dispositif faisait, mais aussi celui du travail à garantir les moyens de vivre. Ce que je propose avec les auteurs de la note, c’est d’en revenir à un droit, de le réévaluer bien au-dessus du niveau du RSA. - Parallèlement, les auteurs de la note n’en parlent pas, mais pour moi, c’est une évidence, il faudra « tendre à » interdire les contrats de travail ne garantissant pas un revenu pour le travailleur supérieur au RMU pour une personne seule, pour sa famille le nouveau dispositif y pourvoira, dans un premier temps, là aussi.
- L’autre nouveauté décisive du dispositif proposé est son extension aux jeunes de 18 à 25 ans.
- Pourquoi faire compliqué, quand on peut faire simple (re belote).
Pour être efficace ce nouveau dispositif doit être très facilement accessible. Pour y avoir droit deux conditions seulement : condition de résidence et de revenu, revenu inférieur au seuil de pauvreté selon la définition retenue. Pour la deuxième condition la déclaration sur l’honneur doit être la règle, le contrôle à posteriori. Le niveau retenu pour cette prestation permet aussi de balayer trois des objections faites aux propositions voisines (revenu universel, de base, unifié…) : - Pas de contre-parties, le droit de vivre est sans condition
le coût (7 milliards toujours selon les auteurs de la note) en est tout à fait raisonnable face aux effets qu’on peut en attendre ; le niveau en est si modeste, qu’il serait indécent de mettre en face des contre-parties, un peu comme si on devait payer le droit de vivre ; enfin, l’argument selon lequel il faciliterait l’enlisement dans la société de consommation est lui aussi totalement déplacé ici. - Ce dispositif n’a pas vocation à se substituer aux autres propositions de nos organisations : Allocation d’autonomie pour les étudiants, Sécurité sociale professionnelle et statut du salarié, revalorisation des retraites et des allocations familiales, 100% Sécurité sociale, développement et gratuité des services publics… toutes nos revendications, nos propositions, nos combats convergent pour rendre caduque la nécessité d’un filet de sécurité du type RMU.
Notes :
1) Le revenu médian est celui qui divise la population en deux, la moitié gagnant moins, l’autre moitié gagnant plus.
2) Jacques Rigaudiat a participé à la mise en place du RMI avec le gouvernement Rocard, il a été le premier et le plus cohérent critique du RSA. Aujourd’hui membre du PCF, après avoir participé à la création du PG, il est à mes yeux un des experts les plus avisés sur les questions de Sécurité sociale et de protection sociale.
Merci !
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