Des adieux, sans rancune, à « la » politique 6/6/2020
Le processus de décision d’abandon du militantisme m’a pris toute l’année 2019. Une telle décision au terme de 50 années d’activité ce n’est pas rien. Je crois pouvoir dire que dans mon cas « la » politique et le militantisme se confondent, mais je ne fais pas de mon cas généralité.
Si je milite depuis l’âge de 16 ans, mon rapport au militantisme n’a pas été un long fleuve tranquille. Je ne vais pas ici entrer dans le détail, ceux qui veulent en savoir plus peuvent déjà trouver quelques éléments dans les parties déjà rédigées de « La vie commence », notamment un survol dans les « repère autobiographiques » à la fin de la partie – 1. Mais ce n’est pas l’objet de ce billet. Les motivations de cet abandon ont peu à voir avec « la » politique, beaucoup plus avec mon vieillissement, ma santé, avec les facteurs de construction de l’isolement, plus concrètement de mon isolement.
Deux mots quand même sur le raisons de mes relations chaotiques à mes organisations, j’en vois plusieurs. Incontestablement il y a des raisons internes au champ politique, aux divisions et tensions qui l’ont traversé tout au long des cinquante années de ma vie militante. Ces contradictions je les ai vécues de manière trop passionnée, du fait de ma relation d’intellectuel à la politique, de mon caractère intransigeant, de ma névrose qui m’instituait responsable de l’avenir du monde… bien sûr mon alcoolisme fut un facteur aggravant. Par ailleurs, la « non-maîtrise », euphémisme, de mes choix amoureux et de famille, la difficulté objective à concilier vie personnelle avec enfants et les engagements multiples m’ont amené à rompre avec mon parti à chaque rupture affective, à chaque naissance d’enfant (sic). La multiplicité des engagements a aussi des causes objectives, nos vies sont elles mêmes multiples. L’engagement dans une organisation syndicale est le seul qui n’a pas connu d’arrêt, je n’ai jamais imaginé pouvoir travailler sans être syndiqué. Ce tableau posé, venons en à la sortie du cadre, à mon nouveau statut de citoyen non encarté, oh ! il me reste quand même ma carte au Mouvement de la paix, j’aurais honte de l’abandonner, et celle de mon syndicat CGT Cpam 13 que je garde comme on garde un carte d’ancien combattant et je paye ma cotisation.
Mes difficultés à militer depuis que j’habite Martigues, je pourrais lâchement les ranger du côté de mes problèmes de santé, comme on présente un certificat d’arrêt de travail et puis basta, il n’y a rien à voir, rien à discuter. Alors oui, j’ai des difficultés à la marche, pour les mêmes raisons je ne peux plus conduire, je fatigue vite et je ne peux pas manger n’importe quoi à n’importe quelle heure. Mais ces difficultés physiques ne sont invalidantes que parce que mes organisations ne prennent pas en compte le fait qu’il devrait exister comme un droit à être associé aux activités militantes pour chacun, même pour les vieux, même pour les handicapés, même pour les nouveaux…
Au début du mouvement des Gilets jaunes, je fus gâté. De l’autre côté du canal il y avait « le » rond-point du mouvement à Martigues. La première manif Gilets jaunes dans ma nouvelle ville a rassemblé 2000 personnes. Peu de temps après, la 1re jonction départementale Gilets jaunes, Gilets rouges s’est opérée à Martigues. Magnifique. Par la suite, le choix fut fait par les jaunes, comme par les rouges de tout faire à Marseille. Fini les manifs pour moi, fini la vie du mouvement sur notre ville. Pour la bataille des retraites même erreur stratégique, on préfère « monter » à quelques dizaines à Marseille plutôt que d’animer Martigues potentiellement à quelques centaines. En 18 mois la CGT retraités de Martigues ne m’a proposé que de distribuer des tracts pour appeler à manifester à Marseille. Passionnante perspective pour un Droopy boiteux.
Par ailleurs j’ai assisté à une assemblée des retraités de la circonscription, c’était le désert. Je n’ai pas de recettes pour mettre en application les choix nationaux de la CGT d’une vie syndicale à partir des territoires, à Martigues, on y est pas. J’ai donc préféré réadhérer à mon ancien syndicat professionnel (de 1977 à 1993), au moins une adhésion symboliquement plus forte.
Du côté de mon Parti, je n’ai pas de compte à régler, peut être j’en discuterai, mais pas ici. Juste résumer en disant que je n’y ai pas trouvé ma place, que je ne me suis pas senti accueilli, ni utile. Voila, je prends ma retraite militante, je m’y suis un peu senti poussé, mais mon choix est définitif. Pourquoi ne pas resté cotisant ? Ce n’est pas comme ça que je conçois mon adhésion à un parti. Soit je suis pleinement partie prenante de son activité et ses choix, soit je n’y suis pas. Je trouverais à l’occasion d’autres formes de soutien, à commencer par le soutien à l’Humanité.
J’ai donc décidé de réorganiser ma vie, autour d’autres axes explicités dans le billet précédent. Facebook et mon site me sont bien utiles pour m’occuper. Pour ce qui est des liens humains Facebook m’apporte de plus en plus. Mon blog m’a permis un dialogue très riche avec Sylvie et quelques autres personnes, il pourrait jouer un rôle plus important à l’avenir, d’abord à moi de l’alimenter, ensuite…
je profite de ce billet pour lancer un premier appel à contributions. Je n’ai pas fait le choix d’ouvrir à commentaires, par contre si vous m’envoyez des contributions (pas de simples commentaires) en échos, compléments, critiques soit de mes billets de blog, où des Thèses (ou Hypothèses) de JJA, ou en commentaires argumentés sur le contenu de tel ou tel partie de la « Vie commence », je m’engage à les publier, dans le Blog de JJA, sous votre nom bien-sûr.
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