I. Ma vie, mes chemins
4/ L’Amour / la famille
Le chapitre impossible
Quatre femmes m’ont aimé, j’ai aimé quatre femmes et me suis marié quatre fois. Je les ai quitté, ou elles m’ont quitté. Ce n’est jamais très clair. Je n’en ai trompé aucune… même pas vrai ! La mémoire est fragile, mais je n’étais pas marié, ou alors ce fut suivi d’une rupture. Les quelques autres femmes rencontrées ce fut avant ou après, à chaque fois je m’inventais le grand Amour, mais j’étais si maladroit.
Bon de toute façon, je ne vous raconterais pas. Ce chapitre est le chapitre impossible. Quand j’ai conçu de le rédiger, je ne percevais pas que je ne pourrais pas le rédiger sans parler de la part d’intimité qui appartient aux personnes aimées, je n’en n’ai pas le droit. Au-delà même de l’intime, tout ce qui n’a pas été discuté, et c’est bien un des problèmes de l’amour, ne peut être exposé unilatéralement.
Pourtant, si j’avais quelque talent de romancier, qu’il serait magnifique et tragique le récit de mes amours. Ce récit il est ce à quoi je tiens le plus, ce par quoi je tiens debout. Même dans ce texte qui se veut surtout une défense et illustration de la vie militante, comment ne pas parler d’amour, que serait la vie sans l’amour ?
Que je vous dise quand même deux trois choses de ce que j’ai appris de la vie amoureuse. Au départ il y à le fils d’une famille catho. Pas si simple, il me semble que mon père n’allait pas à la messe avant 1968, sauf à noël, peut être à d’autres occasions. Son père lui était libre-penseur et c’est de ce côté là que je me suis reconstruit une histoire. Toujours est-il que je fus éduqué dans la religion catholique et qu’on ne me dît jamais rien de la sexualité si ce n’est qu’il fallait être fidèle. Avant la classe après le bac ce fut une scolarité non mixte. La Jeunesse Etudiante Chrétienne fut sans doute le lieu de déniaisement de beaucoup de mes camarades, pour moi timide et incapable de danser il n’en fut rien. Mon premier Amour totalement rêvé fut dans ce cadre. Mon premier Amour catastrophe aussi en quelque sorte, bien que ce fut après, quand j’avais déjà un studio, il n’y eut que très peu de nuits, si elle vînt bien à bout de l’épingle à nourrice qui tenait mon jean le premier soir, pas sûr que nous en ayons un autre souvenir. Plus mémorables ma première cuite, où elle était l’oreille de mon délire verbale, aperçu des vertus incroyables de l’alcool, vouloir les retrouver fut un des chemins qui me conduisît à l’alcoolisme et celui-ci bien plus tard à « l’impuissance », ou à une certaine tranquillité vis à vis du désir.
Deux récit allait accompagner mes histoires d’Amour. Le discours qui accompagnait la fougue de ma jeunesse, était celui du Grand Amour, version Breton, l’Amour fou. L’autre, moins conscient mais bien plus réelle était la répétition du modèle familial, là aussi une seule Dame, mais plein d’enfants. Dans un village de vacances de mon enfance, j’étais « amoureux » d’une jolie petite fille, elle avait deux petites soeurs, je rêvais de me marier un jour avec elle et d’avoir à notre tour trois jolies petites filles, puis quand à faire nous aurions aussi trois petits garçons. Je n’ai pas rencontrée la Dame définitive, celle dont je rêvais en écoutant la chanson de Cohen, oui je n’ai pas su la garder, mais j’ai eu 8 enfants (cf Repères biographiques).
Donc, un quasi puceau, ne connaissant rien au plaisir des dames et si peu sur le sien partît à la recherche d’une Dame à aimer follement pour la vie et à qui faire des enfants. Dans le plan il n’y avait pas le mariage, trois fois il s’invita après le premier enfant. Je fis forcément des dégâts, incapable de parler « normalement » sexe avec la « Dame » j’appris en marchant… enfin vous voyez. Au-delà de l’éblouissement devant le corps de la femme aimée, je finis par découvrir l’infini de mon plaisir. Je crois que j’en ai donné aussi. La recherche de l’absolu, confondu peut-être avec celle de l’extase sexuelle, m’a amené… nul part.
Merci !
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